#DENTger : Grève en odontologie !
Pourquoi les chirurgiens dentistes et les étudiants en odontologie sont-ils en grève ?
Depuis le 13 janvier, les chirurgiens dentistes et les étudiants en odontologie sont en grève. Dans ce contexte électoral, nous avons l’impression que la médiatisation n’est pas à la hauteur des réclamations et du mouvement qui dure depuis maintenant 6 semaines. Pourtant ce sont 95% des étudiants en chirurgie-dentaire qui se mobilisent et qui ne comptent rien lâcher jusqu’à ce qu’ils soient entendus.
Les mécontentements dans ce domaine de la santé n’est pas nouveau. En effet, la santé bucco-dentaire des français.e.s est compromise et ces problèmes ne font que s’accroîtrent depuis une trentaine d’années.
Pour résumer ce moment charnière et comprendre le conflit voici les points à retenir :
Le gouvernement souhaite baisser le remboursement des soins prothétiques, baisser la qualité, baisser la sécurité des soins et supprimer le choix du praticien et des traitements.
De leurs côtés, les étudiants souhaitent une valorisation des soins parodontaux (aujourd’hui non pris en charge alors que 80% des français présenteraient des parodontopathies), des soins préventifs et conservateurs (comme pour les pays scandinaves), ainsi qu’un meilleur remboursement des soins prothétiques.
A cela s’ajoute un conflit avec l’approche libérale de l’Assurance Maladie.
D’après eux le remboursement des soins les plus basiques (caries, nerfs dévitalisés etc) ne sont pas assez bien remboursés ce qui peut contraindre le patient a attendre pour se faire soigner. De plus, il faudrait une meilleure prévention pour prévenir au plus rapidement les problèmes dentaires plutôt que d’attendre que ce soit plus grave et que les patients aient recours à des prothèses, bien plus coûteuses (c’est souvent le cas, notamment chez les personnes âgées).
La lutte des étudiants en chirurgie-dentaire a très peu d’échos et pourtant nous concerne tous. En effet, leur but est de mettre en avant la prévention et l’accès à tous au soins en utilisant les technologies les plus avancées.
Pour mieux comprendre le contexte et les raisons des mobilisations, Jérémie, étudiant en 6ème année de dentaire, nous précise les enjeux de leurs revendications:
“En dentaire, il existe 2 types de soins : les soins opposables, dont les tarifs sont fixés par la sécurité sociale (le chirurgien-dentiste ne peut les modifier). Et les soins non opposables, qui sont les soins prothétiques dont les tarifs sont libres (pas d’honoraires fixes sur ces soins, dons pas de dépassement d’honoraires).
Le problème n’a fait que s’accroître : d’une part, l’assurance maladie n’a jamais ou très peu revalorisé les soins courants, d’autre part, les soins prothétiques ont suivi le cours de l’inflation sans augmentation des prises en charge. Résultats : sur tous les soins courants, le dentiste travaille actuellement à perte, sur les soins prothétiques le patient a vu son reste à charge augmenter considérablement car il n’y a pas eu d’augmentation de la part sécurité sociale ou mutuelle . C’est ce qui pose actuellement de gros problèmes d’accessibilité aux soins dentaires.
À partir de ce constat, des négociations entre l’UNCAM et les syndicats dentaires pour revaloriser les soins courants tout en limitant le prix des soins prothétiques ont eu lieues. Malgré le budget que la sécurité sociale propose pour revaloriser les soins courants cela est insuffisant et ne résoud pas le danger les cabinets libéraux (qui doivent assumer des charges, payer les assistantes, le matériel…).
Ce que nous voudrions c’est un réel investissement de la sécurité sociale dans les soins de prévention et de conservation des dents. Il n’y a à ce jour aucun remboursement sur les actes de prévention et aucun remboursement pour les soins des maladies parodontales qui entraînent à terme des déchaussement et La perte des dents. De même pour les soins conservateurs dont les techniques ont énormément évolué en 30 ans, nous avons maintenant à notre disposition de nouveaux matériaux. Seulement, cela à un coût que l’assurance maladie ou les mutuelles n’ont jamais voulu reconnaître. Cela ne nous permet donc pas de développer les techniques selon les dernières données de la science que nous apprenons à la faculté, et donc pas la meilleure qualité pour le patient.
Le problème est que devant cette impasse des négociations, Marisol Touraine a imposé un arbitrage de manière arbitrale sans accords avec les chirurgiens-dentistes. La conséquence de cette décision sera une dentisterie à 3 niveaux : les plus démunis se dirigeront vers les centres hospitalo-universitaires. La plupart des patients seront imposés par leur mutuelle d’aller dans des centres mutualistes dirigés par les mutuelles où le dentiste sera salarié (il ne pourra plus être libéral car il ne pourra plus assumer les charges de son cabinet) – le patient n’aura donc plus le choix de son praticien, et le dentiste que peu de liberté quand aux décisions thérapeutiques. Enfin une faible partie de La population aisée aura accès à des soins de qualité chez les dentistes déconventionnés qui seront sorti du système de sécurité sociale (et donc, non remboursés).”
Pour donner plus de lumière sur le mouvement, les étudiants ne travaillent plus dans les centres de soins dentaires des facultés odontologiques. Pour se faire entendre, ils multiplient les actions, les grèves, sit-in, blocages économiques un peu partout en France. De la rocade de Rennes bloquée, à la banderole sur la célèbre cathédrale de Strasbourg, la mobilisation prend de l’ampleur dans l’indifférence totale de Marisol Touraine, ministre de la santé.
Faute de réactions du ministère face à leur appel et faute d’accord entre l’Assurance maladie et les syndicats, une manifestation nationale est prévue le 3 mars.
« Nous espérons une levée de l’arbitrage, et de nouvelles négociations prenant en compte véritablement l’avis des soignants, dans le but de restaurer des soins dentaires de qualité pour la population française, et non seulement servir les intérêts financiers de la sécurité sociale et des mutuelles. »
Suivez leur mobilisation sur Twitter avec le hashtag : #DENTger
Merci à Jérémie pour ses explications et pour ses photos.
Vous pouvez également suivre l’actualité du mouvement sur son compte Twitter : .@JeremieBureau
ainsi que sur le compte Twitter du syndicat étudiant : @UNECD (Union Nationale des Étudiants en Chirurgie Dentaire)
Soutien à celles et ceux qui se mobilisent !
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